lundi 30 avril 2012


Arrivé en transit à Londres Heathrow, juste  1heure et demi pour changer d’avion et de Terminal ça va être chaud. C’est en courant que se fait le transfert. Arrivé dans l’avion d’Air China, un Airbus A 330, juste à l’heure. On décolle à 20 h 25 heure locale.  On reprend le court de l’histoire.


 C’est sous la dynastie des Tang, que Lu Yu en 780 rédige son Cha jing, important livre où il édicte les principes de consommation du thé.

 Lu Yu est natif de la région du Hubeï, juste à côté de celle du Shaanxi, région où nous allons. Il s’y rendra d’ailleurs à la fin de sa vie pour y gouter le thé de cette région et l’eau des sources la plus appropriée pour ce type de thé. Le thé est consommé bouilli dans de l’eau et sert aussi condiment. Il est amené au Tibet où il plait. Certaines caravane de chevaux transportant du thé, la route du thé, rejoint celle non moins célèbre de la soie à la hauteur de Xi’an, ville connue pour l’armée des soldats de terre. Xi’an est aussi la ville jumelée avec Pau.


Sous les Song le thé est de plus en plus consommé réduit en poudre puis battu à l’aide d’un fouet surtout dans les cercles de riches marchands. Cette façon de consommer le thé sera conservé par les japonais encore de nos jours dans la cérémonie du Sha no yu. C’est sous les Ming que le thé est consommé en feuilles infusées comme aujourd’hui.


Les thés bus sont des thés verts, les feuilles n’ont subi aucune oxydation


Il faut attendre 1590 pour voir apparaitre un procédé nouveau, l’oxydation des feuilles mené à terme qui donne les thés noirs, fermentés.


Le Thé Wu long n’arrivera que vers 1730. Le  «  Dragon Noir » est un thé semi-oxydé ; on a interrompu l’oxydation en cours de fabrication. On l’appelle aussi Vert-Bleu


Le Thé Blanc est un thé que l’on fait sécher à l’air libre, en plein air. Il est flétri et séché.


Le thé Jaune est un thé très rare autrefois réservé  à l’Empereur dont la couleur emblématique est le jaune.



Nous allons finir par quelques chiffres.


Sources FAO : La Chine produit actuellement plus du tiers de la production Mondiale avec 1,350 millions de tonnes.  Plus des deux tiers de sa production sont  consommés dans le pays.  La consommation annuelle par habitant est de 610gr (chiffres de 2009) la situant à la 7eme place mondiale, bien après l’Angleterre. L’explication se trouve dans le mode de préparation qu’ont les Chinois de préparer le thé. En effet, les feuilles  sont  infusées  et ré-infusées tout au long de la journée, contrairement au Anglais par exemple qui ont une consommation de 2 Kg 700 par an et par habitant. La France arrive à la 27 eme place avec 270 gr par an et par habitant.


 Ils produisent  75% de thés Verts, 20% de thés noirs ou sombres, 5% de thés Wu long. La trop faible production des autres thés  (Jaune et Blanc) ne peut pas permettre de les comptabiliser.


Un tournant à la fois productif et qualitatif est en train de se produire.


C’est à la rencontre de ce phénomène que je vous propose de me suivre.

vendredi 6 avril 2012

Degustation Dans les Jardin Darjeeling

Dégustation, et négociation dans un jardin Darjeeling






Je vais à la rencontre des planteurs pour enfin voir,c sentir toucher

thés tant convoités que sont les firsts flush Darjeeling.
 

J’ai rendez-vous d’abord dans une plantation qui fait partie des plus anciennes, Gopal Dhara.
 

Elle est l’une des rares à encore appartenir à une ancienne famille et ne pas encore avoir été rachetée par un gros groupe.
 

Gopal dhara est planté pour la plupart de ses théiers de « China » (1er théiers plantés dans la région)


D’autre part elle est la plantation qui possède les théiers les plus hauts plantés. Ils utilisent une sorte de câble style téléphérique sur lequel ils coincent des crochets pour descendre les paniers chargés de thé. Très pentu, c’est pour Lodo, mon chauffeur et son 4X4, un vrai calvaire pour y arriver sans casser ou une transmission ou un carter, le bonhomme a l’habitude. Il faut quand même de temps en temps que j’aille déblayer le chemin des plus gros cailloux.
 

Quand nous arrivons enfin à la fabrique, c’est le responsable de fabrication qui me reçoit, le Manager arrivant sous peu. Il me fait visiter l’usine et les nouveaux locaux qu’ils sont en train d’aménager. Du moins les anciens qu’ils sont en train d’agrandir et de rénover. Puis il m’amène dans le flétrissoir qui est la première étape pour les feuilles de thé. Il se dégage une odeur familière de Jasmin et de pomme qui m’avertit de la présence d’un cultivar (cépage) que je connais bien, l’AV 2. Je m’étonne de la relative petite quantité de feuilles.


Le manager Monsieur Rishi Arvi arrive avec d’autres thés à tester et après les politesses coutumières, nous passons dans la Testing Room.


Première indication, et non des moindres, il n’y a pas de thé cette année.


L’hiver a été rigoureux, le Printemps est froid aussi, sans une goutte de pluie. Les théiers ne poussent pas ou peu. Les lots font rarement plus de 100 Kg, souvent 80 Kg, ça veut dire plusieurs choses et notamment qu’il ne va pas falloir s’attendre à des thés bon marché.


La dégustation de 6 Thés, tous des firsts flushs, soit cultivar China, soit clonal AV 2, soit mélange avec un peu d’Assam.


Tout de suite, j’en remarque un qui est au-dessus des 5 autres. Les feuilles sont amples, très amples. Elles ont du être roulées, soit à la main, soit à la machine ancienne dont Gopal Dhara détient encore quelques spécimens.


Maintenant va se jouer la loi de l’offre et de la demande. Il ne faut pas trop faire voir que « Ce » thé là vous intéresse, sinon le prix risque de grimper. Pas ou peu de thé font qu’au départ le thé sera cher. Il ne faudrait pas en rajouter.


Un autre thé me plait aussi, plus Corsé, des notes odorantes plus franches. Il a du être roulé à la machine, celle que l’on trouve maintenant dans toutes les plantations, le roulage est plus appuyée. Les parfums ressortent plus directement. Je leur demande de mettre les feuilles sèches des différents sachets d’échantillon sur un carton blanc prévu à cet effet . De regarder attentivement les feuilles sèches me permet de savoir d’abord si les cultivars annoncés sont bien ceux du thé présenté. Puis de m’assurer que le thé est bien sec et donc, qu’il ne risque pas de moisir. Mais, il faut aussi qu’il garde une certaine fraicheur, souplesse, sinon il risque de se briser très vite en petits morceaux, petites particules, miettes. Je sens les feuilles sèches, les feuilles humides, je goutte la liqueur, recrache dans le crachoir prévu à cet effet, en reprend, l’aère, le fait tourner dans la bouche pour en évaluer la texture, la rondeur, je l’avale aussi pour en évaluer la longueur en bouche, signe de qualité. Je note sur mon carnet de dégustation.


Je décide de discuter du prix du 2eme. Monsieur Rishi Arvi m’annonce un prix qui est celui auquel je m’attendais comme prix de départ compte tenu de la rareté du thé. En Inde, on marchande. Le thé n’échappe pas à la règle. On se met d’accord sur la quantité et le prix.


Je reviens au 1er thé, celui j’ai remarqué en premier. J’ai pour moi que le lot est minuscule, 3Kg. Qu’il n’intéresse peut-être pas les gros importateurs. J’ai contre moi, qu’il est tout petit et qu’il peut être facilement mélangé à d’autres, s’ils n’arrivent pas à le vendre au prix qu’il souhaite dans cette quantité. Je lui fais part de mon désir de prendre le lot entier. Il me demande d’en évaluer le prix. Je sais, à ce moment là, que je reviens à Pau avec ce thé. Je sais par sa réponse qu’il est autant intéressé que moi par la transaction. Nous marchandons, et convenons que le prix sera identique à celui acheté précédemment.


Nous testons 5 autres thés, bons, même très bons, mais pas dans la qualité et les parfums que je cherche. Pendant ce temps, les ouvriers préparent les thés que j’ai choisis et achetés.



Monsieur Arvi me propose d’aller sur une deuxième plantation qu’il détient lui et sa famille. La plantation Rohini pour une nouvelle dégustation.